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Cette conférence de presse qui a eu lieu, mardi le 13 juin 2017
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Yvan Pion, Marie-Claude Delisle, Jeannot Caron, Suzanne Viens et Jacques Tétreault se sont adressés tour à tour aux participants à la conférence de presse. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©
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Dans le cadre du projet de Réseau Sélection, une conférence de presse a été initiée par le comité citoyen sur le centre-ville, pour demander au conseil municipal une véritable consultation citoyenne.
Cette conférence de presse qui a eu lieu, mardi le 13 juin, au 1855 Exposition Collective. Tous les médias de la région ont participé à l’événement, de même que le Journal de Montréal.
De plus, des citoyens de plusieurs secteurs/disctricts, des représentants du monde des affaires, du milieu communautaire, des organisations politiques (de palier national et fédéral), de santé publique ont assisté à l’événement.
Nous vous présentons, le contenu des 4 allocutions qui ont été présentées :
Yvan Pion, administrateur au CCCPEM
Vers une véritable consultation citoyenne
Mon nom est Yvan Pion, je réside à St-Hyacinthe depuis plus de 55 ans. Ayant passé les 30 premières années de ma vie à La Providence, j’ai par la suite résidé, à titre de locataire puis de propriétaire, dans les secteurs Bourg-Joli, Annexe, Ste-Rosalie et je réside maintenant depuis 4 ans dans St-Joseph.
En février dernier, suite à la publication de la pétition de l’organisme Logemen’Mêle, relativement à l’avis d’éviction reçu par les locataires des trois édifices à logement situés sur les rues Mondor et Marguerite-Bourgeoys, j’ai choisi de contribuer à la mise en place d’un comité de réflexion sur les enjeux du centre-ville.
Sur ce comité-conseil, siègent la conseillère municipale du district (Mme Sylvie Adam), des représentantes et représentants d’organismes communautaires (MADH, Auberge du Cœur Le Baluchon, Jean-Claude Ladouceur de l’OMH, SPRY, Contact Richelieu-Yamaska, 1855 Exposition Collective, Autonomie en Soie, CCCPEM, Centre d’Histoire de St-Hyacinthe), on y compte aussi des gens du milieu des affaires, de même que des travailleurs, des résidantes et résidants du centre-ville, qui sont soit locataires ou propriétaires.
Nos réflexions portent sur la recherche de solutions réalistes et rassembleuses qui tiennent compte de tous les aspects de la vie quotidienne dans ce secteur et ce, en gardant en tête la synergie que peut créer une saine conjugaison des volets résidentiels, commerciaux, touristiques, culturels et environnementaux.
Nous savons que le conseil municipal et l’administration de la cité de St-Hyacinthe s’intéressent à nos travaux. Certains des membres de notre comité ont d’ailleurs été invités à s’exprimer dans le cadre de rencontres parcellaires/sectorielles en compagnie du Maire et du directeur général.
Ce type d’invitation a aussi donné lieu à des rencontres entre l’administration municipale et les commerçants, de même qu’avec ceux qu’on nomme les Sages.
Pour plusieurs des membres de notre comité, ces rencontres constituent des pratiques qui divisent les forces de ceux et celles qui perçoivent les dangers inhérents à la destination qu’on tente de nous vendre …et qui pourraient s’y opposer de façon constructive …et nous mener sur de meilleures avenues.
De plus, nous redoutons les effets pervers des tractations qui visent la conclusion d’ententes discrétionnaires et discrètes, ce qui va à l’encontre d’une véritable justice cohérente et réellement fertile pour toute la communauté maskoutaine, qui mérite des pratiques démocratiques dont l’essence est le bien commun et la transparence.
En mai dernier, le conseil municipal a promis de tenir une grande consultation citoyenne, notamment au sujet de l’implantation potentielle d’une tour d’habitation sous la bannière de Réseau Sélection.
Ainsi, le 31 mai, au CAJL, plusieurs Maskoutaines et Maskoutains ont participé à une soirée d’échange afin d’identifier certains paramètres qui pourraient guider la réfection de la Promenade Gérard-Côté.
Les représentants de la firme Daoust-Lestage ont semblé manifester un intérêt réel envers les opinions émises durant la soirée par les personnes qui se sont présentées au micro et qui étaient issues de divers milieux de la vie maskoutaine.
Quant à la soirée du 6 juin dernier, qui portait principalement sur le projet Réseau Sélection, il nous est apparu que l’aspect consultation avait cédé le pas à l’approche purement informative, sans possibilité de retour en arrière. C’est dans le cadre de cette soirée que des inquiétudes ont été plus largement exprimées.
Rappelons la question du stationnement tant pour les résidants que pour les consommateurs/clients, celle des horodateurs, la question de l’accès à la rivière pour tous, la question du « cadeau » qui semble être offert sur un plateau d’argent à un investisseur de l’extérieur, la question des impacts sur les coûts des loyers à prix abordable dans les habitations avoisinantes, la question de l’achat et la démolition d’immeubles à logements à prix abordable ainsi que l’éviction des locataires rendue « nécessaire », de même que l’impossibilité de reloger ces personnes à court terme.
Face à toutes ces inquiétudes, la capacité d’accueillir les critiques, commentaires et recommandations, par les représentants de la ville …semblait plutôt limitée. Le regard, le ton et la teneur des propos qui ont été servis aux participantes et participants, en guise de réponses, semblaient démontrer qu’il n’y avait pas de place pour l’adaptation ou la réévaluation des décisions.
D’entrée de jeu, l’auditoire a été invité à aborder le projet d’implantation de Réseau Sélection dans une perspective d’affaires. Force nous est de constater que la question de la revitalisation du centre-ville maskoutain, milieu de vie et d’échanges multidimensionnels, déborde largement l’aspect financier ou celui de la stricte taxation municipale.
Qu’il s’agisse d’accès au logement (social ou à prix abordable), d’environnement, de transport actif et collectif, de pauvreté, d’itinérance, de sécurité, de patrimoine, d’éducation et d’animation culturelle, …nous savons que nous ne pouvons plus, comme collectivité, nous permettre de gérer ce secteur névralgique avec des solutions à la pièce, selon le modèle appliqué dans le secteur nord.
La vie quotidienne n’est pas un congrès Elle s’inscrit dans une continuité qui s’étale sur des décennies, des générations qui se succèdent et dont les us et coutumes ont des impacts les uns sur les autres.
Quel est le ton que nous devrions utiliser afin d’être réellement entendus?
Celui du Président de la table de concertation pour le Complexe Culturel Maskoutain, poli et souriant? Complexe Culturel Maskoutain qui, je le souligne, pourrait être beaucoup plus structurant et attrayant pour toutes les personnes résidant à St-Hyacinthe en rassemblant sous un même toit la bibliothèque, le centre d’histoire et le centre Expression, …, plus attrayant qu’une tour traumatisante, et ce, sur un site voisin du Centre des Arts.
Quel ton?
Celui du premier magistrat de St-Hyacinthe qui, lors de la soirée du 6 juin, juste avant de céder la parole à son directeur général, déclare : « c’est comme ça que ça va se passer »?
À qui appartient la ville? Aux gestionnaires, aux membres du conseil municipal, aux lobbys privés?
Qui a le droit de prendre des décisions à courte vue dans un contexte caractérisé par les changements climatiques, l’endettement endémique des ménages, la hausse des problèmes de santé mentale, le vieillissement de la population, les impacts des politiques d’austérité en matière de soins de santé et d’éducation, la désinformation, les défis de l’immigration, la désagrégation de la classe moyenne et autres problématiques dont plusieurs n’aiment pas entendre parler…?
La conjoncture requiert un véritable plan d’ensemble qui, lui-même, doit découler d’un lucide diagnostic.
Certains membres de notre comité ont proposé à l’administration municipale de travailler à l’élaboration d’un plan de revitalisation intégré
Comme il semblerait y avoir péril en la demeure et que le pécule s’avèrerait limité, cette solution a été rejetée.
Je vous annonce donc que la Direction de la Santé Publique (DSP qui collabore avec le Centre Intégré de Santé et des Services Sociaux de la Montérégie Est), a développé une expertise, depuis 2007, et offre depuis 10 ans des ÉIS, Évaluation d’Impacts sur la Santé et ce, gratuitement aux municipalités qui en font tout simplement la demande.
L’étude peut être réalisée d’ici un maximum de 4 mois et pourra offrir des pistes précises sur les leviers les plus puissants pour revitaliser le centre-ville dans tous ses aspects.
Des expériences ont été concluantes à Salaberry-de-Valleyfield, Sorel-Tracy, Waterloo, Mont St-Hilaire, Bedford, Vaudreuil-Dorion, Carignan, Pincourt, Beloeil, Saint-Catherine, Frelighsburg, Henryville et Acton Vale.
La Ville de St-Hyacinthe n’a pas les moyens de se priver d’un tel outil.
Si la direction de la ville refuse d’investir dans la création d’un PRI, (plan de revitalisation intégré) comme cela fut fait à TR, Mtl, Québec, Chicoutimi-Jonquière, …, -si, de surcroît, le conseil municipal n’accorde aucun crédit à l’expertise de la DSP de la Montérégie pour la réalisation d’une ÉIS, il lui reste toujours la possibilité de s’associer à l’Institut du Nouveau Monde (INM), un organisme à but non lucratif, indépendant et non partisan, qui possède une expertise en matière de consultation citoyenne.
Mme Madeleine Leduc, Maire de la Ville Rosemère, en mai dernier, n’a pas eu peur de relever ce défi.
Monsieur le Maire, mesdames les conseillères, messieurs les conseillers, la balle est dans votre camp.
* * *
EN SOMME,
Nous demandons que l’appareil de gouvernance municipale maskoutaine, tant dans sa sphère politique qu’administrative, suspende les travaux relatifs à l’implantation de Réseau Sélection au centre-ville, afin de procéder à toutes les études rendues nécessaires compte tenu de la complexité du contexte actuel, tout autant que nous invitons citoyennes et citoyens de tous les secteurs de St-Hyacinthe, à s’engager avec enthousiasme dans un véritable processus de consultation qui saura contribuer à un meilleur vivre ensemble dans notre grande communauté.
Texte de Françoise Pelletier et Suzanne Viens / Conférence de presse du 13 juin 2917
En tant que propriétaires d’immeubles du secteur Christ-Roi, nous sommes très inquiètes quant à la venue de Réseau Sélection.
Nous avons fait nos devoirs, et avons été à la soirée d’information et de consultation de la ville le 6 juin dernier. Loin d’être rassurées, nous y avons appris que l’emplacement de la tour de 15 étages donnerait directement sur nos rues St-François et St-Amand, qui auront dorénavant vue sur tour et stationnement. Stationnement qui, par ailleurs, nécessite la démolition de cinq autres immeubles de logements abordables de la rue St-François, après éviction de locataires, dont certains plus âgés y ayant vécu toute leur vie.
Nous sommes préoccupées par le fait que l’architecture de la tour, qui a été adaptée pour avoir bonne mine sur la rue Saint-Antoine, n’ait cependant aucune limite de hauteur avec son «derrière» de 15 étages, qui donne directement sur nos rues résidentielles.
Nous sommes préoccupées par le fait que la construction d’un méga stationnement étagé, dont l’accès se fera nécessairement par le quadrilatère Marguerite- Bourgeoys, St-François, St-Amand et Mondor, décuplera la circulation automobile, avec toute la pollution y étant associée.
Nous sommes inquiètes car nombre de nos voisins logeant à l’OMH sont des familles ayant de très jeunes enfants, et que ceux-ci jouent souvent en bordure du terrain, leur enthousiasme débordant souvent jusque dans la rue. Nous sommes d’autant plus inquiètes que leur santé et leur sécurité nous importent.
Nous sommes atterrées du fait que la Ville nous ait invitées à une soirée de consultation, tout en nous présentant une vision globale du centre-ville qui ne souffre aucun délai à cause des impératifs du privé, du puissant constructeur de Réseau Sélection.
Nous ne comprenons pas l’empressement de notre Ville à se plier aux contingences du privé avant même d’avoir amorcé une réelle consultation des résidents, locataires, commerçants, et, surtout, sans prendre le temps de mesurer les impacts environnementaux et sur la santé publique.
Nous ne croyons pas que le mandat d’une Ville soit de s’assurer que le privé soit le plus concurrentiel possible, et puisse faire des économies d’échelle. Nous croyons que le mandat d’une Ville doit être d’abord et avant tout axé sur le bien-être et la santé de sa population.
Nous croyons qu’au-delà des façades d’immeubles revampées, il importe de tenir compte de celles et ceux qui les habitent et qui peuplent le quartier, celles et ceux qui occupent d’ores et déjà le territoire.
Nous croyons que la Ville doit mener une consultation qui va au-delà des façades.
À titre plus personnel, et en tant que personne âgée propriétaire, je ne comprends pas que la Ville considère seulement les futurs occupants de l’immeuble Réseau Sélection sans penser aux propriétaires âgés occupant déjà le secteur et ayant contribué à son essor. Je n’ai pas bénéficié d’un congé de taxes pendant cinq ans, et je paie des taxes à notre Ville depuis maintenant plus de 12 ans. N’ai-je pas droit aux mêmes égards que les futurs résidents de la tour de Réseau Sélection ? Leur qualité de vie primerait-elle sur ma qualité de vie ? Et leurs besoins, sur ceux de tout le voisinage?
Mon rêve à moi n’est pas de sauter en parachute, mais plutôt, que notre quartier populaire demeure un endroit où il fasse bon vivre, autant pour les personnes âgées que pour les nombreuses familles, dont plusieurs immigrantes, présentes et à venir, et que leurs enfants puissent grandir en paix, en sécurité et en santé.
C’est pourquoi, à titre de propriétaire d’immeuble au centre-ville, de résidente du secteur, et comme personne âgée solidaire des locataires évincés ou en recherche de logements abordables, je joins ma voix à celle du CCCPEM pour que la Ville, « capitale du char» selon les dires de son directeur général, modère «son char» dans le dossier de Réseau Sélection.
Pour que la Ville adresse une demande à la Direction de la Santé publique de la Montérégie pour bien mesurer les impacts sur la santé globale, et qu’elle nous les présente, dans une réelle consultation publique, non soumise aux seuls intérêts du privé.
Marie-Claude Delisle, administratrice au CCCPEM
Le Centre-Ville pour et par nous-mêmes
Des résidents du centre-ville, tannés d’attendre une manne qui ne tombe jamais ont parait-il, souvent demandé au Conseil municipal : À quand notre tour ? Je ne suis pas certaine qu’ils s’attendaient à ce qu’on leur réponde au pied de la lettre avec une vraie tour de 15 étages ! Est-ce que la Ville s’attendait vraiment, de son côté, à ce que l’on réagisse, béats d’admiration, devant la grosse surprise ?
Ce projet touche le quartier le plus emblématique de la Ville. Ce serait se méprendre sur l’intelligence et la sensibilité des Maskoutains que de penser qu’ils accepteraient cette proposition sans prendre le temps nécessaire, d’au moins en mesurer les impacts.
Il est beau le modèle d’architecture proposé, mais vouloir l’ériger au centre-ville… ? Et qu’est-ce qui urge tant à donner le feu vert au projet Réseau Sélection?
Le 6 juin dernier, on nous a donné une vision du centre-ville comme s’il n’y en avait pas d’autres possibles.
Pourtant il y a d’autres options pour le centre-ville que d’en faire un simple contrepoids économique avec des résidents qui risquent d’ailleurs d’être «volatils». Réalise-t-on la pression exercée sur ces nouveaux résidents qui risquent de vouloir déménager, d’être transférés dans d’autres établissements, de mourir ? Ce n’est pas une solution de type permanent à une revitalisation!
Nous jouissons d’une certaine prospérité à Saint-Hyacinthe, ce qui n’est pas complètement étranger au type d’administration de notre gouvernement municipal actuel, et on les en félicite. On trouve du travail à Saint-Hyacinthe et le chômage n’a jamais été aussi bas. Mais le taux de chômage ne témoigne plus de la même réalité aujourd’hui. Les travailleurs occupent plusieurs emplois laissés par les retraités, année après année. Et on est d’accord, la véritable relève est indispensable sur le marché du travail. Alors, n’est-il pas un rien paradoxal d’ajouter des têtes blanches et de compter sur elles pour revitaliser notre économie ? Est-ce vraiment ça la proposition?
Le projet proposé le 6 juin soulève aussi des problèmes de communication entre nous et notre gouvernement municipal. Le vocabulaire utilisé ou les concepts mis de l’avant ne correspondent pas à la vision que les Maskoutains s’en font. Par exemple, on nous a abondamment servi de la mixité sociale. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce vraiment de planter une tour de personnes âgées, aussi pimpantes soient-elles, dans un centre-ville comme le nôtre ? N’y a-t-il pas danger de les voir s’isoler dans cette tour qui leur dispensera tous les services sur place ? S’il s’agissait d’unités intergénérationnelles, on pourrait assurer une mixité plus naturelle avec les gens qui fréquentent ou habitent le centre-ville.
Non, cette tour nous apparaît comme une greffe risquée sur un tissu social et culturel incompatible.
De plus, les usagers du centre-ville entretiennent depuis toujours des rapports complexes les uns avec les autres. C’est normal. Parfois harmonieux, parfois tendus, c’est la vie. Il n’y a aucun projet unique qui nous dispensera de négocier et renégocier nos liens en permanence. Nos rapports ne seront jamais au beau fixe tout le temps. Le projet Réseau Sélection est présenté comme un modèle d’affaires qui prétend tout résoudre. Mais tout résoudre des rapports humains, c’est les tuer. Au mieux, les museler. Le vivant est complexe et ne peut, en aucun cas, se réduire en un sirop simple facile à avaler.
Les usagers du centre-ville vivent-ils sur un territoire appelés à se densifier ? Ben on espère bien ! Mais pourquoi ne cherche-t-on pas à louer les logements vides, plutôt que d’exproprier des résidents parfois très âgés ? Qui se préoccupe des espaces commerciaux inoccupés ? Une tour de 15 étages sur le bord de la rivière ne peut rien changer à ces problèmes.
On parle aussi de requalifier certaines zones de ce site particulier. On est même d’accord pour une requalification qui stimule notre créativité. Doit-elle absolument dépendre des investissements privés ? Là encore, nous pensons qu’il y a d’autres options.
Nouvelles options sur la table
Le centre-ville est unique. Il a un passé commercial. Son cœur palpitant est sans aucun doute le Marché public, déjà édifice patrimonial. Et on félicite la Ville ici, encore une fois, pour son plan de restauration de ce joyau unique. Mais on ne fait pas d’ombre à un tel édifice. Pourquoi ne pas plutôt prolonger largement ce site autour du Marché en le désignant territoire patrimonial?
- La citation de site patrimonial : est une procédure qui permet à une ville de désigner un immeuble, un site ou un territoire protégé pour sa valeur patrimoniale. C’est comme ça qu’on a fait pour le Marché, le bureau de poste et d’autres édifices de la Ville. Par cette citation, le centre-ville serait investi d’une vocation historique, culturelle protégée, qui reflèterait fidèlement l’âme maskoutaine et que l’on exposerait fièrement aux voisins, aux touristes, au reste du monde.
Les villes de Rimouski et de Ste-Agathe-des-Monts, entre autres exemples, ont désigné un large territoire au cœur de leur centre-ville comme site patrimonial. Wendake, la cité huronne-wendate, est une ville-musée aux multiples activités culturelles et touristiques, qui a fait éclater le concept de réserve indienne. Pourquoi ne pas s’en inspirer ? La Ville dispose déjà d’un circuit touristique pour observer certains édifices patrimoniaux. On pourrait raffiner ce parcours. Organiser des navettes au biogaz pour le visiter. Nos collègues du centre d’histoire et d’archives de Saint-Hyacinthe auraient certainement beaucoup à apporter à titre d’experts dans cette étude de faisabilité. Je rappelle que la Ville est maîtresse de ces citations. Nous aurions donc à nous consulter mutuellement. Entre nous.
Le C-V aurait une vocation, un rôle complètement différent et complémentaire à la fois. Il donnerait de la suite à nos idées historiques et commerciales. Et il y a plein d’autres valeurs ajoutées qui pourraient s’ancrer dans cet endroit unique : une agora, un complexe culturel maskoutain, de larges allées piétonnes, des pistes sportives, des stationnements enverdis, de vrais lieux de rassemblement publics, à ciel ouvert, à respirer de l’air pur.
- Une autre option que l’on pourrait considérer est la fiducie foncière communautaire, une solution d’avenir selon plusieurs. Il s’agit de désigner un territoire que l’on veut mettre à l’abri de la spéculation afin d’en faire profiter une collectivité qui établit elle-même des objectifs d’utilité sociale. Le territoire désigné ne peut plus être vendu et se retrouve par conséquent, retiré du marché spéculatif et protégé des logiques d’accaparement des terrains, de l’expropriation et aussi de la privatisation. Voilà une autre façon de requalifier le centre-ville ou certaines zones sensibles du centre-ville que l’on veut prendre le temps d’étudier.
On ne prétend pas que ces options soient les seules à pouvoir concurrencer le Projet-RS qui serait très bien… ailleurs, à défier d’autres projets dans SA catégorie.
Mais nous voulons disposer d’un temps long pour les étudier, les frotter aux études d’impacts sur la santé ou aux outils d’évaluation de la gestion durable des eaux usées.
Nous revendiquons le droit de les combiner, de les tordre et de les réinventer. Pas tous seuls ! Tous ensembles avec nos élus, qui semblent avoir oublié, un moment d’égarement sans doute, que les Maskoutains ont de la jarnigoine, du potentiel et une folle envie de collaborer.
Allocution de Jacques Tétreault, président du CCCPEM lors de la conférence de presse du mardi 13 juin 2017 à St-Hyacinthe, au 1855 rue Des Cascades.
Le CCCPEM participe à cette conférence de presse parce qu’il nous est apparu, lors de la soirée de consultation et d’information du 6 juin dernier, que certains aspects n’avaient pas été pris en compte. Nous intervenons ici aujourd’hui afin que notre opinion soit considérée par les élus municipaux et afin de remplir un de nos rôles d’éducation et d’information.
Je laisserai le soin à d’autres personnes de vous parler des aspects plus sociaux, et je me concentrerai sur quelques enjeux environnementaux.
D’abord, il nous est apparu clairement que ce projet n’a jamais eu comme prémisse le contexte planétaire dans lequel nous nous situons, c’est-à-dire un contexte de changements climatiques. Aucune mention n’en a été faite lors de la présentation.
Quelle est donc l’importance de cette réalité sur les projets urbains?
Le principal est la création d’îlots de chaleur dans les centres urbains. Pourquoi une si grande importance serait donnée à cette notion? C’est parce que la température de la planète sera d’au moins deux degrés de plus d’ici trente ans seulement. Et cette tendance n’est pas prête à se renverser. En effet, aucune intervention humaine ne pourra l’inverser. Tous les scientifiques de la planète s’accordent à le dire.
Nous vivrons donc des températures extrêmes de plus en plus fréquemment. Dans ce contexte, les villes doivent urgemment prévenir toute création de nouveaux îlots de chaleur et même aller dans le sens inverse, soit de diminuer la quantité de ceux existants et créer des endroits où les citoyennes et citoyens pourront aller se rafraîchir. L’implantation d’une tour de 15 étages sur un des seuls endroits où une telle possibilité demeure à St-Hyacinthe va à l’encontre de cette réalité.
L’endroit retenu pour l’implantation de cette tour résidentielle est en contradiction avec le nouvel aménagement de la Promenade Gérard Côté qui s’annonce. La Promenade devrait se terminer ou être le point de départ de randonnées au fil de l’eau de la Yamaska où les marcheuses et marcheurs pourraient se rafraichir sous des arbres et dans des aménagements conçus à cet effet. Le stationnement existant devra laisser place à de tels aménagements dans le futur car les besoins en stationnement diminueront assurément avec le nécessaire développement du transport en commun dans les villes. De tels aménagements ne pourront pas se réaliser si le site est déjà occupé par une tour de 15 étages!
Une ville qui se veut verte et à l’écoute de sa population ne pourra pas passer outre à de telles demandes dans les années à venir. Le besoin sera immense à ce chapitre. D’autant plus que notre ville est dotée d’une usine de biométhanisation, ce qui est un net avantage pour la mise en service de navettes gratuites roulant au biogaz produit à même nos déchets.
Ce qui m’amène à vous parler du deuxième point qui nous a semblé échapper aux élus. Celui de l’augmentation de la pollution de l’air par le maintien et même l’ajout de voitures au centre-ville. Ce projet apportera inévitablement une augmentation substantielle de véhicules dans le secteur soit lors de la période de la construction ou suite à celle-ci en ajoutant de nombreux résidents qui conduiront des véhicules.
Plusieurs interventions ont été faites lors de la soirée de « consultation » sur le nombre de cases de stationnement. Les représentants de la Ville se sont montrés rassurants à ce sujet promettant que le nombre de cases disponibles sera maintenu et même augmenté. Cela nous laisse perplexe quant à leur vision du développement du transport en commun dans notre ville. Le but visé devrait être plutôt l’inverse, soit l’augmentation de l’offre de transport en commun et la diminution de l’utilisation de véhicules privés. Toutes les grandes villes du monde sont actuellement proactives dans ce domaine et nous, à St-Hyacinthe, nous faisons encore la promotion d’une ville accueillante en faisant la promotion de nombreuses cases de stationnement comme argument de vente…C’est comme si nos élus ne voyaient pas l’avenir en contexte de changements climatiques et que le développement de la ville doit continuer à se faire selon les concepts du dernier millénaire qui nous a apporté ces problèmes planétaires. La densification des villes est une réalité qui doit s’accompagner du développement du transport en commun, c’est la seule voie possible au développement.
Aller dans le sens contraire c’est exposer la population à une augmentation de problèmes respiratoires entre autre, sans compter la sécurité des enfants du secteur.
Le CCCPEM demande donc à la ville de sursoir à ce projet temporairement afin de faire une demande d’Étude d’Impact sur la Santé (une EIS). Le réseau des CISSS offre gratuitement cette possibilité. Il ne saurait être question de se plier à la demande du groupe Réseau Sélection qui a grande hâte de réaliser ce projet sans au préalable avoir tenu à faire réaliser une étude sérieuse sur les effets d’un tel développement sur la santé de la population.
Tant qu’à être au chapitre des recommandations, il serait aussi bienvenu de faire analyser ce projet dans le contexte de la gestion durable des eaux pluviales. Le Regroupement des Organismes de Bassins Versants (ROBVQ) met à la disposition des municipalités un outil de diagnostic performant à cet effet.
L’environnement comporte aussi des notions importantes au niveau social. Nous laisserons à d’autres le soin de les mettre en exergue car il nous a semblé que là aussi, des lacunes importantes ont été révélées.
En terminant, je voudrais aussi souligner le fait que cette soirée a été beaucoup plus une soirée d’information où les opinions exprimées n’ont pas semblées être prises en compte étant donné l’échéancier du projet qui nous a été présenté. Les dés semblaient définitivement jetés. Il ne saurait en être question! La transparence exprimée par le Maire en début de soirée nécessite un temps d’arrêt afin de tenir compte des réalités oubliées.
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