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Les intérêts supérieurs du Québec
Durant sa carrière politique, M. Robert Bourassa, un ardent fédéraliste, a souvent parlé des « intérêts supérieurs du Québec ». En d’autres mots, il y a des situations qui feront consensus parmi tous les Québécois, quelle que soit leur allégeance politique. C’est ce qui est ressorti lors du dévoilement d’une plaque commémorative devant la maison Johnson, le 14 juin dernier.
Comme symbole de ces « intérêts supérieurs du Québec », la maison située au 276 de la rue Notre-Dame à Saint-Pie-de-Bagot, en Montérégie, a une valeur historique unique en Amérique du Nord. Achetée en décembre 1946, cette maison a été la propriété des Johnson jusqu’en 1987.[1] Ce fut la résidence du député Daniel Johnson qui devint ministre, puis leader de l’opposition et enfin premier ministre de juin 1966 jusqu’à son décès en septembre 1968. C’est là que vécurent également son épouse Reine Gagné et leurs enfants Marie, Diane, Pierre-Marc et Daniel.
Comme le soulignait M. Luc Cordeau, du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, ce fut la demeure « d’un premier ministre en exercice et de deux premiers ministres en devenir ». Soulignons un fait unique sur ce continent : durant les années cinquante, trois premiers ministres « en devenir » vivent sous ce même toit et deviendront respectivement chef de trois partis politiques différents. Daniel (père) devint le chef de l’Union nationale, un parti nationaliste. Pierre-Marc devint le chef du Parti québécois, un parti indépendantiste, et Daniel (fils) devint le chef du Parti libéral du Québec, un parti fédéraliste, et également le chef du camp du Non pendant la campagne référendaire de 1995. Il faut noter qu’outre ces trois partis, aucun autre parti politique n’a formé le gouvernement à l’Assemblée nationale (autrefois appelée Assemblée législative) depuis le départ du premier ministre conservateur James Flynn en 1897![3]
Gageons que ça devait parler « politique » autour de la dinde de Noël! Et que les idées défendues dans le livre Égalité ou indépendance y ont été débattues![2] Comme le disait M. Daniel Johnson en remerciant les participants au nom de la famille lors de la cérémonie, il faut « se rapprocher des gens » et avoir « un intérêt réel ». Mais la politique a aussi son côté crève-coeur; Daniel nous a rappelé que « parfois, on perd ses élections »! Cet intérêt pour la chose publique est l’histoire de cette famille… et leur histoire est celle de tout le Québec depuis 75 ans.
L’avenir et l’épanouissement de notre peuple de francophones nord-américains se feront-t-il dans un Québec indépendant ou par une allégeance au Canada? Les débats politiques à ce sujet ont été vifs, parfois cruels! En effet, dans Le Devoir du 24 juin 2018, on peut lire : « Le 5 février 1968, dans le cadre d’une conférence constitutionnelle où il s’oppose au premier ministre québécois Daniel Johnson, Trudeau plombe la thèse des deux foyers nationaux constitutifs du Canada … Puis en mai, Trudeau affirme à Sherbrooke que les Québécois ont vécu 100 ans de bêtises. »[4]
À cette vision fédéraliste, M. Johnson proposait l’identité canadienne-française. Selon le sous-ministre Claude Morin, « La continuité…il s’en servit comme argument auprès des fédéraux pour bien leur montrer qu’il ne parlait pas au nom d’un parti, mais d’une patrie. »[5] L’histoire – aussi bien celle de cette famille que celle du Québec- se trouve résumée en ces quelques citations.
Sauf un article paru dans le Courrier de Saint-Hyacinthe,[6] les médias n’ont pas souligné adéquatement cette commémoration d’une page d’histoire fascinante. Des élus de la MRC des Maskoutains ont participé à cet exercice de mémoire collective, mais les politiciens de tous les partis politiques du Québec et du Canada ont brillé par leur absence. Pour célébrer la fête nationale, c’est bien beau de se faire un party et de chanter quelques chansons, mais se souvenir des lignes de force qui ont marqué notre histoire est encore plus important. C’est pourquoi la maison Johnson est un symbole si précieux!
Gérard Montpetit
24 juin 2018
1] Daniel Johnson, par Albert Gervais, Lidec inc., 1984, 64 pages.
2] Égalité ou indépendance, par Daniel Johnson, Éditions Renaissance,1965.
3 ] Les premiers ministres du Québec, Assemblée nationale, Direction des communication et de l’accueil, 5e édition, 1990.
4] Le Devoir, édition papier du samedi 23 juin et dimanche 24 juin 2018, « Il y a 50 ans, l’émeute de la Saint-Jean » par Jean-François Nadeau, page B1.
5 ] Mes premiers ministres, par Claude Morin, Boréal, 1991, 632 pages, citation à la page 276.
6] Le Courrier de Saint-Hyacinthe, édition papier du 21 juin 2018, page A3.
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