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Mémoire personnel portant sur le projet de construction de Réseau Sélection à St-Hyacinthe
20 Juin 2017
Introduction
Le présent mémoire n’est pas le fait du président du CCCPEM. Je n’ai pas eu le temps nécessaire afin de le faire entériner par les membres du conseil d’administration de notre organisme. Il est donc le fait d’un simple citoyen non résident de la Ville de St-Hyacinthe, mais quand même très impliqué dans la société maskoutaine. Je suis diplômé en biologie de l’université de Moncton au Nouveau Brunswick, ce qui me donne la formation de base essentielle à la compréhension des dossiers environnementaux.
Je suis un citoyen engagé en environnement depuis des décennies. J’ai participé à la mise sur pied de la Fédération d’agriculture du Québec, j’en ai été le premier président pendant trois ans après avoir été le président du premier syndicat provincial d’agriculteurs biologiques du Québec pendant cinq ans. À ce titre j’ai eu l’occasion de siéger sur plusieurs comités de travail qui ont menés à la mise en place de la certification des produits biologiques sous la marque « Québec Vrai » appartenant au gouvernement de notre province. J’ai donc eu la grande chance de côtoyer nombre de personnes très instruites et connaissantes des dossiers de production animales et végétales. Des personnes ayant des connaissances portant aussi sur les relations existantes entre les animaux et l’environnement, entre les plantes et l’environnement ainsi qu’entre les humains et l’environnement. J’ai aussi fait partie de comités de surveillance et de supervision d’organismes de recherches en agriculture tant au niveau provincial que fédéral.
J’ai occupé le poste d’enseignant à la commission scolaire de St-Hyacinthe pendant plus de 24 années. Je suis actuellement à la retraite et je m’implique dans un mouvement provincial qui s’astreint depuis maintenant huit années à contrer l’invasion de notre territoire par les compagnies gazières qui convoitent nos terres pour ce que le sous-sol contient. Je suis aussi un utilisateur de produits pétroliers comme la très vaste majorité des gens qui forment notre société. Nous vivons dans un monde axé sur la consommation de pétrole et de gaz. Nos sociétés contemporaines ont énormément profité des bienfaits de ces produits et ont évolué rapidement grâce aux bienfaits technologiques qu’ils nous ont apportés.
Maintenant, nous savons que c’est justement l’utilisation de ces produits fossiles qui ont exacerbé les changements climatiques qui se manifestent de façons de plus en plus virulentes. L’ensemble des habitants de notre planète le constate à tous les jours. Ce mémoire ne se veut pas un texte argumentatif sur les changements climatiques, mais un simple rappel que c’est le plus grand défi auquel l’humanité a eu et aura à faire face au cours des prochaines décennies. C’est de l’avenir des générations qui nous suivent qu’il est question ici, pas de simples controverses politiques ou de divergences d’opinion. Nous devons avoir constamment en tête ce défi dans chacune des décisions que nous prenons. Nous avons déjà dépassé le stade de la prévention possible, nous sommes rendus au stade de la résilience. Nous devons agir afin de minimiser les effets de ces changements climatiques.
C’est ce qui motive ma présence au sein du comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique du Québec. J’y siège depuis sa fondation il y a maintenant trois ans. J’y côtoie des spécialistes du climat et des énergies tant fossiles que renouvelables. J’y apprends constamment de nouvelles informations sur les façons dont les villes se préparent aux changements qui s’annoncent. C’est à ce titre que je veux intervenir sur le sujet du projet Réseau Sélection qui nous est présenté.
L’angle d’analyse du projet
La Ville de St-Hyacinthe s’est doté en 2010 d’une politique en environnement. Cette politique bien qu’imparfaite comporte de nombreuses avenues prometteuses. Elle est bien construite, perfectible certes, mais bien faite. Ses orientations sont précises et donne un cadre de référence fiable pour les interventions que la Ville aura à prendre pour de nombreuses années.
Dès la soirée de présentation faite le 6 juin dernier, il m’est apparu évident que le projet soumis n’avait pas été analysé en fonction des barèmes de cette politique. Comment peut-on concilier ce projet avec la conclusion de la politique que l’on retrouve sur le site de la Ville :
Désormais, il appartient à l’ensemble des contribuables, citoyens individuels et corporatifs, de faire de l’environnement une préoccupation quotidienne en s’engageant à poursuivre les efforts nécessaires pour façonner un monde meilleur, autant pour les générations actuelles que pour les générations futures. Si, pendant longtemps, la gestion environnementale ne préoccupait que quelques individus souvent catalogués de marginaux, aujourd’hui, grâce à leur ténacité et à leur détermination, la gestion environnementale a non seulement pris l’allure d’un incontournable, mais elle est aussi devenue rentable financièrement. Les nouvelles mesures d’efficacité énergétique ou de réduction des GES donnent des résultats immédiats pour ceux et celles qui y adhèrent. Cependant, il y a encore de la résistance, des individus qui n’y croient pas. En revanche, ce sont eux maintenant les marginaux.
Le projet Réseau Sélection ne colle vraiment pas à cette réalité. Ce projet nous a été présenté dès le début de la soirée comme étant une offre que l’on ne pouvait pas refuser. Alors, où se situe la capacité des citoyens de façonner un monde meilleur si nous ne pouvons refuser une offre faite par un promoteur qui n’a d’autres impératifs que de rentabiliser son entreprise, ce qui est tout à fait normal dans le monde actuel.
L’analyse du projet semble donc avoir été faite sous l’angle financier, à savoir le bénéfice que peut rapporter à la Ville un promoteur privé et qui devrait attirer autant de personnes au centre-ville que de nouveaux investisseurs afin de profiter de l’engouement suscité par cette manne nouvelle. C’est ce qui nous a été présenté comme étant aidant à la requalification et la revitalisation du centre-ville.
Questionnements
Pourquoi ne nous a-t-on pas fait état des technologies nouvelles et innovantes du projet? Y en a-t-il?
A-t-on analysé le projet en tenant compte des changements climatiques?
A-t-on analysé la résistance du bâtiment aux vents violents qui vont prévaloir dans les années à venir? À la grêle? Au verglas?
Comment cette construction fera-t-elle en sorte de combattre les îlots de chaleur?
Cette structure aura-elle pour effet de constituer de nouveaux courants d’air dans le quartier ou aura-t-elle au contraire un rôle de blocage de la circulation de l’air dans le quartier?
La structure permet-elle la récupération des eaux de pluies et des eaux usées à des fins de réutilisation?
A-t-on prévu la végétalisation des murs afin de combattre les effets néfastes d’une immense structure en béton qui accumulera la chaleur pendant les jours ensoleillés d’été?
A-t-on prévu à l’inverse se servir de cette imposante masse thermique pour économiser de l’énergie?
A-t-on analysé les effets de cette structure sur la circulation piétonnière et cycliste?
A-t-on considéré les effets de l’augmentation de la circulation au centre-ville sur la santé des résidents?
La sécurité des enfants du quartier a-t-elle été une source d’inquiétude et de préoccupation?
Comment se fera la gestion de l’eau de pluie sur cette imposante structure imperméable?
Va-t-on installer un toit vert?
Y aurait-il une ventilation passive ou active?
A-t-on songé à l’orientation du bâtiment selon les vents dominants et la course du soleil?
Comment peut-on envisager construire un édifice de cette ampleur aussi prêt d’une rivière ? Quelles sont les normes environnementales à respecter par rapport à l’emprise d’un bâtiment de cette dimension et la bande riveraine ?
Le centre-ville est-il encore considéré comme étant une zone inondable dans le registre des zones inondables et humides du ministère de l’environnement ?
A-t-on envisagé ce qui arriverait si la rivière sortait de son lit?
A-t-on prévu des avaloirs d’eau en cas d’inondation?
Comment se ferait la gestion énergétique du bâtiment en cas de coupures de courant majeures?
Comment la sécurité publique pourrait-elle intervenir en cas de sinistre majeur?
L’aspect visuel semble aussi un élément à considérer dans un environnement où seul cet édifice sera de 15 étages.
Il y a moyen de faire de la densification de population en respectant les meilleures pratiques en urbanisme et en environnement. C’est ce que les nouvelles familles recherchent un environnement sécuritaire et en parfaite harmonie avec son milieu et la nature.
La mixité de population se réalise de préférence avec des édifices intergénérationnels et avec des lieux de rencontres autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments. Une tour à logements pour aînés, si actifs soient-ils, est-elle la meilleure option pour faire de la mixité de population ?
A-t-on prévu faire réaliser une Étude d’Impacts sur la Santé (ÉIS) des résidents du secteur? Cette étude pourrait être réalisée gratuitement par la direction de la Santé publique, à condition évidemment d’en vouloir lire les conclusions.
La liste de questionnements aurait pu s’allonger si une vraie consultation avait été tenue. Selon mon expérience des nombreuses consultations menées par les commissions du BAPE auxquelles j’ai participé, plus les gens posent des questions, plus il nous en vient à l’esprit. C’est ce que l’on appelle la synergie de groupe. Faire des présentations en privé à divers secteurs de la société en vase clos ne favorise pas cette synergie et cantonne plutôt les intervenants dans l’angle auquel nous voulons amener l’auditoire. Cette façon de faire bloque tout développement d’idées créatrices et est réductrice pour l’élargissement de la vision commune d’une société.
Inquiétude
Malgré toutes ces questions demeurées sans réponse, car la soirée de « consultation » ne l’a pas permise, il demeure un point fondamental qui n’a pas été soulevé. Celui du fait que lorsque cet édifice aura été mis en place, il le demeurera pour des décennies.
Les scientifiques du monde entier s’accordent sur le fait que d’ici 2050, la température de la planète se sera accrue de plus de deux degrés. Avec chaque degré de température qui augmente, ce sont 7 % d’humidité dans l’air qu’il faut ajouter. Donc, avec deux degrés en moyenne, nous respirerons près de 14 % plus d’humidité. Cela va entrainer inévitablement des complications de santé chez les gens souffrant de problèmes respiratoires.
Que fera la Ville à ce moment? Payer des modules d’air climatisé à l’ensemble de la population?
Pourquoi ne pas avoir prévu le coup et aménager dès maintenant un des seuls endroits disponible près de la rivière dans un courant d’air naturel qui s’y trouve en plantant des arbres au lieu d’un édifice de 15 étages extrêmement onéreux à démolir.
L’énorme quantité de GES qui émanera de cette construction en béton a-t-elle été prise en compte? Il faut savoir que pour chaque tonne de ciment produit, il se dégage une tonne de GES dans l’atmosphère. Imaginez la quantité générée par une telle tour de quinze étages. Déjà que tous les projets en cours dans notre ville n’en tiennent pas compte! Il faudrait sérieusement passer de la fiction sur papier à la réalité et considérer cet ajout majeur à notre bilan environnemental. Il faudra des dizaines et des dizaines d’années d’économie de transport de la part des nouveaux résidents afin de combler ce déficit environnemental. Il faudrait à tout le moins enlever complètement la possibilité d’ajouts de nouvelles voitures au centre-ville pour y arriver d’ici la fin du siècle actuel. Je crois que le projet présenté ajoute des cases de stationnement au contraire. Alors, où est le gain en émission de GES dans ce projet? N’est-ce pas une des cibles à atteindre dans la politique environnementale de la Ville?
Recommandations
Je ne saurais trop insister sur le fait que d’ici à peine dix ans, la population aura beaucoup plus besoin d’un parc où les gens pourraient aller prendre le frais plutôt que d’un édifice qui abritera quelques centaines de nouveaux résidents bien au frais dans leur bâtiment climatisé.
Je vous recommande donc de mettre un arrêt provisoire au projet afin de prendre le temps requis pour bien consulter la population et des experts en changements climatiques.
C’est ensemble que nous bâtissons l’acceptabilité sociale d’un projet.
Si d’emblée le projet s’avère un projet bénéfique pour l’ensemble de la population, je serai un des premiers à le reconnaître. Mon but n’est pas de stopper le projet, mais de bien l’analyser. Il s‘agit de la viabilité de notre centre-ville dont il est question. Cet édifice, une fois érigé, le restera pour longtemps. Nous aurons ainsi à vivre avec tous les aspects de cette construction. Nous sommes bien plus avisés de bien en comprendre toutes les facettes avant d’aller de l’avant. Les contrats ne sont pas encore signés, alors, pourquoi cette hâte? Vous avez la chance de faire de ce projet un objet « structurant » tel qu’avancé lors de la soirée d’information. Pour l’heure cependant, trop de questions demeurent sans réponse.
La clientèle sera encore au rendez-vous si vous prenez une année supplémentaire pour en faire une bonne analyse. Mieux, cette clientèle sera d’autant plus empressée d’y habiter si le projet est souhaité plutôt que subit par la population.
J’espère vraiment que des solutions alternatives puissent être étudiées en ce qui concerne l’endroit où se réaliserait cet important investissement. Si le même projet, soumis aux mêmes analyses environnementales, prenait place de l’autre côté de la rivière sur un terrain vacant de la rue Concorde Sud par exemple, cela aurait un effet bénéfique sur le développement du transport en commun dans ce secteur de la ville à forte densité humaine. L’avantage de la proximité du centre-ville serait le même tout en ajoutant d’éventuels utilisateurs au transport en commun qui pourrait utiliser cette merveilleuse ressource qu’est le biogaz tant vanté par notre administration. St-Hyacinthe vit à l’heure des innovations, alors pourquoi vouloir à tout prix revenir en arrière sur un projet si important et tout baser sur le simple argument économique à court terme. Celui-ci bloquera l’avenir du centre-ville dans un immense bloc de béton pour des générations à venir.
Voilà mon opinion sur ce projet qui nous a été présenté comme une offre que l’on ne pouvait pas refuser. Je crois au contraire qu’il faut refuser ce projet tel qu’il nous est servi actuellement et chercher à le bonifier en respectant le cadre de la politique environnementale de la Ville.
Je vous offre toute ma collaboration pour ce faire si vous le jugez à propos.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout,
Jacques Tétreault
Citoyen engagé
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